Culture café

Vers une nouvelle classification des cafés du Yémen

Fort apprécié par la communauté du Café de Spécialité, le Yémen n’en finit pas de surprendre les professionnels par la qualité de ses cafés dont la production reste rare. Mais un nouveau groupe génétique d’Arabica vient d’être mis au jour. Quelles perspectives offre le Yémenia ?

Qima Coffee s’est associé à RD2 Vision (centre de recherche sur le café), Lavazza Foundation et Qima Foundation pour publier un nouvel article scientifique portant sur la validité de l’utilisation des noms de café cultivés au Yémen qui décrivent les variétés de café.

L’étude a consisté à établir la relation entre les noms des variétés de café locales utilisées par les agriculteurs et leur véritable identité génétique. Celle-ci a alors conclu qu’il n’existe aucune corrélation entre les noms locaux et leurs origines génétiques respectives.

 

Un index de variétés prouvant un ancrage local

Le secteur du café yéménite s’est longtemps appuyé sur des noms locaux pour décrire les caféiers et les types, tels que Dawairi, Udaini, Jufaini, Jaadi ou Tufahi. En raison de leur utilisation généralisée et en l’absence de toute validation scientifique, ces noms locaux sont supposés représenter des variétés génétiques, et leur utilisation est en fait devenue synonyme de noms de variétés. Sur le marché, cela peut semer la confusion chez les consommateurs pour qui les noms de variétés sont un élément essentiel de traçabilité.

Au-delà du marché, l’hypothèse a également un impact significatif au Yémen où les producteurs prennent des décisions concernant leurs fermes et acquièrent de nouveaux plants en fonction de ces fameux noms locaux.

 

L’étude de l’hypothèse selon laquelle les noms locaux représentent des variétés était donc d’une importance cruciale à la fois pour aider les caféiculteurs yéménites à générer des moyens de subsistance durables et pour protéger l’intégrité, la traçabilité et la valeur du café yéménite sur les marchés internationaux.

« Cette étude représente un élément fondamental pour établir une industrie des semences fiable pour l’industrie du café au Yémen. Les caféiculteurs peuvent désormais prendre des décisions plus éclairées sur l’introduction de nouveaux arbres. S’ils s’appuient sur des noms locaux dans la perspective de nouvelles plantations, ils courent cependant un risque important de faire des choix ne répondant pas à leurs besoins, avec des implications financières potentiellement graves à long terme pour les performances de la ferme », déclarait récemment Christophe Montagnon* au Global Coffee Report.

 

Absence de corrélation entre le nom local et la génétique des cafés

L’étude a porté sur 148 exploitations de café dans les principales régions productrices de café du Yémen, d’où une image représentative des terres caféières du pays. Les agriculteurs ont indiqué les noms locaux qu’ils utilisaient pour décrire les caféiers, et ces mêmes cafés ont subi une empreinte ADN pour identifier leur patrimoine génétique. Certains des noms les plus populaires référencés comprenaient Udaini ou Dawairi.

Les résultats ont établi qu’il n’y avait pas de corrélation entre les noms locaux et la génétique. Conclusion : les noms locaux ne représentent pas les variétés.

L’étude a recommandé que les essais de variétés seraient une prochaine étape cruciale pour le secteur des semences de café du Yémen afin de développer une description génétique et physique fiable des variétés de café yéménites, et de continuer à explorer les qualités de leur riche diversité génétique.

« Nous savons que les consommateurs sont prêts à payer le prix pour des variétés de café exotiques, et même parfois pour des variétés qui n’en sont pas. Le risque est de perdre la confiance dans les cafés yéménites. De nombreux agriculteurs ont également l’impression que ces noms locaux représentent des variétés, avec des mérites agronomiques et de bonnes qualités organoleptiques. Investissant sur ces « variétés », ils ont finalement découvert quatre ans plus tard que les arbres n’ont pas le rendement espéré.

Cette étude et ses résultats auront-ils un impact sur le café du Yémen ? La filière est prête à tenir le pari.

 

*Christophe Montagnon : Fondateur de RD2 Vision et ancien responsable du département Coffee Research au Cirad.

 

 

Exergues

 

L’étude a porté sur 148 exploitations de café

Les noms locaux ne représentent pas les variétés

Cafés du Yémen : les qualités de leur riche diversité génétique

 

 

 

Mokka : De nombreux cafés d’Ethiopie portent le nom Moka. Une appellation générique n’ayant aucun lien avec la génétique ou la variété des cafés en question. Il s’agit de la ville (port d’embarcation ancien) Mokka.

 

 

Pratique

Pour en savoir plus sur les actions de Qima Coffee (sourcing de café du Yémen, entre autres), la Fondation Qima qui a pour vocation la renaissance de l’origine Mokkha Coffee et le centre de rocher RD2 Vision.

Qima Coffee : www.qimacoffee.com

Qima Foundation : https://qimafoundation.org

RD2 Vision : https://rd2vision.com