Tendances & mode de vie

Les co-working optent pour un café convivial

On les appelle les tiers-lieux. Leur présence dans le paysage urbain n’est plus une curiosité. Le développement des espaces de co-working est tel que même les entreprises optent pour ces modèles d’organisations flexibles et de management où le salarié prend place où bon lui semble. Tout est repensé y compris le café qui a besoin de se réinventer. Adaptation des usages en trois actes.

Fini le bureau attribué agrémenté du nom de son « occupant ». Les espaces de co-working prennent la place et font florès un peu partout. En ville et même dans les entreprises qui décident d’aménager les espaces de travail en diminuant notamment les mètres carrés mis à disposition des salariés. Le télétravail, poussé par un niveau d’équipement de plus en plus performant, change la donne. Certes, la crise sanitaire a créé des bouleversements soudains, modifiant les usages en matière de comportement professionnel. « En 2020, plus de 20 000 accords de télétravail avaient été signés » pointe le magazine Work Place. La progression est nette, puisque c’est 6 000 de plus par rapport à 2019. Le contexte ne suffit pas à expliquer l’engouement généré par les tiers-lieux ou espaces de bureaux partagés. Outre les impacts financiers sur les prix de l’immobiliers, les habitudes de consommations en matière de café ont été chamboulées à leur tour grâce à des tendances venues de pays anglo-saxons (Australie en tête). On note une désaffection du distributeur automatique, même si sa présence en entreprise reste encore actuelle, il y a matière à nuancer. L’émergence des co-working n’a pas détourné les amateurs de café de leur boisson préférée. On s’adapte et le nomadisme s’impose petit à petit, mais sans concéder quoi que ce soit à la qualité de service, la convivialité et le produit.

 

Barista incontournable

Ces nouveaux espaces incarnent l’expression d’une autre aspiration de la consommation, de la manière d’appréhender l’espace et de son temps de travail. Les espaces de transition deviennent des lieux de vie et non plus de passage. Depuis l’arrivée d’une station barista au milieu de la place du Village by Crédit Agricole (pépinière de start-ups), quelque chose semble avoir changé dans les raisons des allers-venues des résidents. On vient pour son expresso, latte, cappuccino ou autre thé. Car la station fournit toutes les boissons avec un niveau de qualité et de service dix fois supérieur à ce que propose le distributeur automatique. On note la praticité, le prix qui, tout en étant plus cher de quelques centimes, se justifie par le contact, le plaisir d’assister à un vrai travail de maîtrise de tous les paramètres de préparation du café. Et cela en proposant toutes les méthodes possibles : expressos et méthodes douces (filtres). Propice à la consommation nomade (pas de consommation sur place), le point café animé d’une présence humaine modifie la donne et l’emporte par la sympathie que la solution impose. A tel point que ce service, rapide, efficace et ouvert aux nouvelles technologies (paiements toutes solutions possibles) constitue une concurrence avérée pour les acteurs de la distribution automatique qui peinent à adapter leur modèle statique, peu onéreux (certes), mais à la qualité du consommable souvent décriée.

 

Point de convivialité

Dans ces espaces de co-working, la solitude est souvent la norme. Même si les réunions (en petit comité) sont fréquentes. Cet isolement relatif du travailleur numérique se rompt dès lors qu’il souhaite se reconnecter au « vivant » en s’octroyant un café. A la station barista du Village by Crédit Agricole par exemple, Natalia (barista depuis 2 ans) le confirme : « Les clients prennent plaisir à venir choisir leur boisson, posent des questions sur les origines du café que je leur sers, demandent même comme faire pour devenir barista ». Le point café rompt la solitude du co-worker. C’est l’avantage concurrentiel du modèle face à celui du distributeur automatique. Et finalement dans un espace, l’occupation par une présence humaine est irremplaçable. D’ailleurs, à la réouverture du Village après la crise sanitaire, le café servi par une barista a été plébiscité. Qualité ? Convivialité ? Un peu des deux oui, mais surtout du lien social. Les responsables du site ne cachent pas leur satisfaction : « Notre établissement accueille des résidents qui viennent ici pour un eco-système d’entreprises, de services et d ‘événements. Une station barista au milieu de la place du Village est une animation totalement conforme à l’esprit de notre démarche ».

 

Une somme de questions, signe des temps nouveaux

Ces nouveaux usages des espaces professionnels ont donc fait appel à d’autres aspirations de consommateurs. Conscience écologique, intérêt pour le produit et recherche de qualité ont envahi tous les instants de vie. Le café s’envisage autrement. Dans les espaces de bureaux partagés, il est devenu courant de faire preuve d’exigence.

On ne rogne plus ni sur la qualité du produit ni du service proposé. La présence d’une barista, bien équipée, compétente donne du crédit supplémentaire à un expresso, servi dans un gobelet, qui coûte 1,50 euro. De plus, l’univers du Café de Spécialité convoque une certaine obligation éthique à apporter de la connaissance tant sur les origines des produits servis que sur l’utilisation de l’équipement. C’est aussi assister au rituel que de commander une boisson au comptoir d’une barista. Tous ces arguments sont les signes de temps nouveaux où même en situation professionnelle, le besoin de curiosité, de qualité et même de conscience écologique n’est pas sacrifié. Bien au contraire. Car acheter un café à la station barista, c’est aussi faire travailler une filière vertueuse, soucieuse des conditions de travail des producteurs. Les cartes sont rebattues.

 

Quels standards de travail pour l’avenir ?

Si le café et la pause café sont des éléments clés de la qualité de vie au travail, cela fait en général écho aux attentes que les salariés soumettent.

  • 64% des salariés de moins de 35 ans pensent que le lieu de travail est aussi un lieu de vie où l’on aime passer du temps
  • 52% des jeunes sont prêts à payer 20% plus cher leur déjeuner pour avoir une offre éco-responsable
  • La vie sociale avec les collègues est la première raison de venir au bureau (pour les moins de 35 ans)
  • 55% des moins de 35 ans inclut des espaces extérieurs à leur lieu de travail

 

Extrait 8è baromètre Paris Workplace, SLF/Ifop

 

 

A savoir

0,80 centimes d’euro, le gobelet de café au distributeur automatique

1,50 euro, le gobelet de Café de Spécialité servi par un(e) barista professionnel(le) formée et servant des origines traçables

 

Station Barista : Gourmet Cup