Histoires et interviews

Interview Angie Molina

« Sélectionner du café passe d’abord par une histoire d’amitié »

A 30 ans, Angie Molina a déjà un parcours complet dans l’univers du café et notamment du Specialty Coffee. Lors de ses études en école de commerce en France, elle a découvert cette communauté, en intégrant la SCA France. Parfaite rampe de lancement pour créer son entreprise de sourcing et d’exportation de café colombien. Retour sur ses riches expériences caféinées.

 

Coffee Lounge : Angie, après avoir découvert le Café de Spécialité en France, vous êtes retournée en Colombie, à Ibagué. Pour quelle raison ?

 

Angie Molina : Ces rencontres avec les acteurs du Café de Spécialité français et notamment la communauté de la SCA m’ont ouvert les yeux sur le métier que je voulais exercer. Cela s’est confirmé par des voyages en pays producteurs et en étant bénévole au New York Coffee Festival. Je me suis installée à Ibagué, une cité à l’écart de la capitale Bogota, qui fait désormais partie du Triangle du Café (Quindio, Caldas et Riseraldia). Situation idéale pour quelqu’un qui a créé son entreprise de sourcing et d’exportation de café vert.

 

Coffee Lounge : Comment décrire Ibagué l’endroit où vous avez créé Insignia votre marque de café ?

 

Angie Molina : De retour en Colombie, mais n’ayant pas encore fini mes études, j’avais la ferme intention de montrer au Colombiens autre chose du café, grâce à tous ceux qui m’avaient initié en France. Et Ibagué, c’était parfait, parce que c’est une petite ville à la fois proche et éloignée de tout. A trois heures de Bogota, j’ai saisi cette opportunité parce que ce n’est pas cher et aussi parce que c’est une ville de passage très agréable où il fait toujours beau. De plus, le fait d’avoir intégré le Triangle du Café est important pour l’aspect touristique de la région. C’est réconfortant, d’autant que les visiteurs étrangers qui s’arrêtent s’y sentent bien aussi.

 

Coffee Lounge : Insignia Coffeee est le nom de l’entreprise que vous avez créée. Concrètement, quels en sont les services proposés ?

 

Angie Molina : Mon projet consistait à monter une structure pouvant intervenir à toutes les étapes depuis la production jusqu’à la torréfaction. Et puis s’est ajoutée l’activité labo d’analyse sensorielle, contrôle qualité, qui nous a permis de créer une véritable valeur ajoutée auprès des producteurs. Nous avons débuté avec les cafés de la ferme de John, mon mari. Il s’agit d’une plantation aux pratiques classiques qui petit à petit modifie son approche afin d’améliorer la qualité de la production. Après avoir testé notre modèle ainsi, nous avons pu le dupliquer pour d’autres fermes. Aujourd’hui nous travaillons avec une vingtaine de producteurs.

 

Coffee Lounge : Quelle est votre approche de travail avec les caféiculteurs ?

 

Angie Molina : C’est avant tout une relation que nous essayons d’instaurer. De ce côté la tâche est grandement facilitée parce que nous bénéficions du réseau de fermiers que John s’est constitué. Mais ce n’est pas tout. Nous essayons de bien comprendre leur manière de travailler, leur style de vie aussi. Je crois que sélectionner du café passe d’abord par une histoire d’amitié. C’est seulement après que nous nous décidons pour le café vert. Je suis persuadée que la confiance est le seul guide possible. En tous les cas, c’est mon sentiment… leur histoire me permet de la raconter ensuite aux clients.

 

Coffee Lounge : Qui sont vos clients et comment les touchez-vous ?

 

Angie Molina : Nous sourcons le café vert que nous torréfions pour le marché local et les personnes qui rendent visite. Pour eux, il s’agit principalement du café de la ferme de John. Ensuite, bien entendu, nous exportons notre sélection. Quelques lots sont déjà partis aux Etats-Unis, en Espagne, en Australie ou en Allemagne… Il s’agit de rencontres faites par les réseaux sociaux principalement, peut-être grâce à mon expérience d’écriture pour Perfect Daily Grind*.

 

Coffee Lounge : Et toujours rien avec la France ?

 

Angie Molina : Oui c’est étrange. J’ai l’impression que le marché français est compliqué. Je pense qu’il faut rencontrer les gens. C’est ce que j’avais fait il y a deux ans avec quelques cafés que j’ai fait découvrir lors d’un cupping à Paris. Mais il faut du temps et surtout aller aux devant des gens. C’est ma conviction.

 

Coffee Lounge : Et si l’on souhaite découvrir quelques lots de vos cafés, comment procéder ?

 

Angie Molina : C’est de plus en plus facile avec ce que le gouvernement colombien a mis en place pour inciter les exportations de cafés, même en petites quantités. Nous avons obtenu des facilités d’expédition via la poste pour des volumes allant jusqu’à 60 kg de café vert. Idem pour le café torréfié dont la limite est de 50kg.  C’est donc très facile aujourd’hui de commencer à exporter, il suffit en plus de s’appuyer sur des partenaires logistiques qui peuvent rendre le processus beaucoup plus fluide.

 

Coffee Lounge : Votre aventure continue à Ibagué, mais ne s’arrête pas là. Quels autres projets envisagez-vous ?

 

Angie Molina : J’ai une ambition… elle s’inscrit dans la continuité de la stratégie de départ : de la production jusqu’à la tasse ultime en créant un Coffee shop. Et le développer en Europe (peut-être en Europe du Nord) avec la marque Insignia. Soit la maîtrise de toute la chaîne dans un esprit d’authenticité. Toujours en racontant l’histoire de nos producteurs colombiens.

 

 

* Perfect Daily Grind = Blog anglais dédié au Café de Spécialité

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