Tendances & mode de vie

Prix du café à la tasse, prix au producteur

Avons-nous déjà pensé à ce qu’une tasse de café rapporte à son producteur ? Question de traçabilité qui aujourd’hui inquiète la filière, les ONG et même les consommateurs. Ces derniers sont prêts à payer le prix. C’est un enjeu de développement durable.

Quand le paquet de café de 250 grammes coûte environ 3 euros, il faut se demander quelle rémunération revient au fermier. Impossible de remonter le fil avec précision jusqu’à la ferme quand il s’agit de grande distribution. Mais il est certain que les volumes de café échangés noient autant la traçabilité que le producteur lui-même. En effet dans ce paquet de café de Colombie ou Brésil, qui sont-ils à produire en pure perte ? C’est ce qu’analysait en 2018, Bill Murray (président de la National Coffee Association américaine). «Pendant qu’un fermier colombien touchait 209$ pour 125 kg de café vendus, ses coûts de production s’élevaient à 237$». Autrement dit, sa rémunération à la tasse s’élève à 0,013$, quand le consommateur la paie parfois plus de 3$ !

Et cela, par la faute des grands groupes qui s’adonnent à des spéculations sur le marché à terme de l’arabica à la Bourse de New York. Le phénomène, bien que connu et pourtant dénoncé, depuis plus de 10 ans continue de bien se porter. La conséquence de cette pression du prix d’achat exercée sur les producteurs conduit une paupérisation d’une partie de la filière café, alors qu’elle se porte plutôt très bien à l’autre bout de la chaîne. 

 

Des parades existent

Parmi les réactions constatées, le désintérêt des caféiculteurs pour leur métier se fait de plus en plus sentir. Avec notamment un abandon total au profit d’autres cultures plus rémunératrices. Et c’est souvent la mort dans l’âme que ces décisions se prennent. Car il s’agit de tourner la page d’une histoire familiale et d’une tradition culturelle forte. 

Et les dernières tendances ne semblent pas favorables à un retournement de la situation. En tous les cas, pas dans l’immédiat. Puisque la demande mondiale en arabica explose notamment avec l’intérêt croissant des Chinois pour le café. 

Cependant, des mouvements de jeunes caféiculteurs voient le jour. En Colombie, au Brésil et partout ailleurs où la fierté d’être producteurs de café redonne de l’espoir. C’est aussi la prise en compte des défis à venir qui est le moteur de leur démarche. La pérennisation et valorisation de leurs terres dans un contexte de réchauffement climatique, le développement d’un lien plus ténu entre les consommateurs et eux-mêmes (fermiers), l’émergence globale du mouvement du Café de Spécialité, l’apport des nouvelles technologies au service des pratique agricoles, la reconnaissance par des championnats internationaux pousse les caféiculteurs à s’investir… soit autant de bonnes raisons de ne pas lâcher. Concomitamment, l’Organisation Internationale du Café a créé une plateforme appelée «Coffee’s Next Generation» afin de soutenir les projets de jeunes talents souhaitant entrer dans la filière café. A chaque maillon de la chaîne, chacun à sa mesure peut contribuer à une rémunération plus juste vis-à-vis des producteurs de café. A commencer le consommateur en optant pour un achat responsable. Voire équitable. Le mouvement du « Commerce Equitable» se développe sous forme de labels (Fairtrade, Fair for Life, Rainforest…) depuis plusieurs décennies, mais cela n’est pas encore suffisant. Les acteurs du Café de Spécialité ont une carte à jouer avec un modèle de négociation de gré à gré, plus digne de confiance. Les volumes échangés sont encore faibles (autour de 5% de la consommation totale de café dans le monde). Cette partie de la filière peut aider à inverser la tendance. Cela en vaut la peine quand 2 milliards de tasses de café sont bues quotidiennement dans le monde. 

Exergues 

«Pendant qu’un fermier colombien touchait 209$ pour 125 kg de café vendus, ses coûts de production s’élevaient à 237$» Bill Murray (président de la National Coffee Association)

La demande mondiale en arabica explose notamment avec l’intérêt croissant des Chinois pour le café. 

L’Organisation Internationale du Café a créé une plateforme appelée « Coffee’s Next Generation » afin de soutenir les projets de jeunes talents souhaitant entrer dans la filière café.


Pour plus d’informations…

ICO (International Coffee Organization) : www.ico.org

Plateforme Coffee’s Next Generation : www.internationalcoffeeday.org

Plateforme du Commerce Equitable : www.commerceequitable.org