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Nouvellement élu pour un second mandat de 3 ans à la tête du Collectif Café, David Serruys s’est prêté de bonne grâce à une discussion avec le Coffee Lounge. En homme de dialogue qu’il est, il est revenu sur son mandat, sa vision de la filière et nous a confiés quelques informations en primeur sur ses projets plus… personnels.
Le Coffee Lounge : Avant de nous faire part des projets de l’organisation que vous dirigez, le Collectif Café, nous n’oublions pas que vous êtes un professionnel du café chez Proqua à Boulogne-sur-Mer… Comment se présentent les prochains mois ?
David Serruys : Nous sommes en effet en transition vers un changement de local. Proqua déménage et nous serons, dès le 28 décembre, capables d’accueillir le public qui pourra déguster sur place nos beau cafés. Soit 6 blends et 12 pures origines auxquels on ajoute une offre de pâtisserie anglaise, des jus Alain Millat, des thés et autres surprises. Le grand public pourra aussi participer le dimanche à des masterclass. 25 places assises attendent la clientèle. Nous avons hâte !
Le Coffee Lounge : Outre cette aventure professionnelle, il y a l’autre aventure qui vous prend du temps : celle de président du Collectif Café dont vous venez d’être réélu. Comment cela s’est-il passé ?
David Serruys : J’ai été réélu à l’unanimité. C’est une reconnaissance du travail qui a été fourni en faveur de la filière lors des 3 années passées. Si l’on fait le bilan avec l’ensemble des administrateurs : c’était un mandat de changements où l’on a redynamisé le Collectif Café, en l’ouvrant à d’autres acteurs de la filière (baristas, coffee shops…). On a permis aussi aux amateurs de café de rencontrer les professionnels lors d’un événement central, le Paris Coffee Show…
Le Coffee Lounge : Ce mandat est marqué par le rapprochement avec la SCA (Specialty Coffee Association) …
David Serruys : C’est vrai ! Il est le fruit d’un dialogue avec nos partenaires. Ce qui nous a permis de mutualiser nos ressources pour mener à la réalisation du Championnat de France de Torréfaction (Champion 2021 : Laurent Baysse à Lens). Nous avons consolidé le concours historique du Meilleur mélange pour expresso (remporté cette année par les Cafés Di Costanzo). Et puis sur le même modèle que la Semaine du Goût, nous avons réussi à démocratiser les Journées du Café sur une semaine complète. C’est un événement national, mais surtout local où le grand public vient à la découverte du café.
Le Coffee Lounge : Et puis la filière a dû s’adapter en affrontant la crise sanitaire. Comment avez-vous réagi ?
David Serruys : Le Collectif a joué son rôle de représentant de la filière, notamment en défendant les intérêts des torréfacteurs. Nous avons réussi à obtenir de la part des autorités la reconnaissance de notre métier pour le faire entrer sur la liste des professions en grande souffrance durant l’épisode de la crise.
Le Coffee Lounge : C’est le travail que vous avez mené en coulisses loin de la lumière… Et on a vu que votre organisation a été particulièrement dynamique durant cette crise.
David Serruys : J’ai en effet eu l’impression que nous n’avions jamais autant travaillé que durant le confinement. Animer la communauté du café avec des rendez-vous thématiques en live sur Instagram a été un jeu hyper excitant. Nous avons réussi notre mission : insuffler un esprit positif au sein de notre communauté grâce à nos partenaires qui ont accepté de nous accompagner. Maintenant nous ne voulons pas tomber dans le piège e nous parler à nous-même. Faut-il faire évoluer le modèle ? En tous les cas, nous avons été présents et incitateurs lors de ce moment difficile pour tous.
Le Coffee Lounge : Revenons à votre élection. A quoi faut-il s’attendre quand on est président du Collectif Café en 2021 ?
David Serruys : On s’attend surtout à donner beaucoup de son temps. Mais bon, il faut savoir bousculer les choses et discuter. C’est ce que j’aime faire d’ailleurs. Je me considère sans doute plus comme un homme de communication que de produit. Mais pour le mandat en course j’ai mis en place une stratégie avec le bureau : des groupes de travail afin que chacun prenne sa part dans la distribution des responsabilités.
Le Coffee Lounge : De quelle manière cela permet-il d’aborder les prochains défis de la filière ?
David Serruys : On va avoir un comité stratégique qui va déterminer les actions à mener. Mais nous aimerions développer des diplômes reconnus par l’Etat par exemple. On se pose la questionne de savoir si le Paris Coffee Show doit repartir en régions. Et puis, nous avons pour ambition de créer une Maison du Collectif Café. L’endroit aurait pour vocation de privilégier les rencontres entre les professionnels et nouveaux arrivants dans la filière, on pourrait y faire des formations, recevoir la presse… se rencontrer.
Et puis, nous souhaitons affirmer nos convictions sur le Développement Durable…
Le Coffee Lounge : C’est une démarche que vous avez déjà bien enclenchée, n’est-ce pas ?
David Serruys : C’est vrai. Et nous avons encore eu confirmation de cet engagement après un voyage dans des plantations de café au Cameroun. C’est une prise de conscience que nous devons tous avoir ancré profondément dans nos actes du quotidien. Le Développement Durable fait partie intégrante de notre stratégie, constatant avec certitude que nous ne pouvons plus fonctionner ainsi : centrés sur nous-mêmes.
Le Coffee Lounge : Vous avez parlé d’un voyage au Cameroun à ce propos. Pourquoi ce voyage vous a tellement marqué ?
David Serruys : Nous avons visité des plantations de café à la suite de la prise de connaissance d’un rapport édifiant sur les projets de Développement de la filière du café au Cameroun. Tous ces projets rédigés avec la force des plus belles intentions dataient de 2008… et depuis rien n’avait évolué en tout cas dans le bon sens. La filière est passée de 130 000 tonnes de café à 25 000 tonnes en quelques années. Un gâchis qui accentué par l’utilisation de pesticides et différents intrants.
Le Coffee Lounge : Et donc ?
David Serruys : Nous allons apporter (avec Eric Benchetrit à Orléans) notre concours à un programme appelé New Generation dont l’objectif est de mettre en place des jeunes Camerounais à la tête de petites productions de café (autour de 3 hectares) en les aidant à adopter les meilleures pratiques (culture en agroforesterie, culture sans pesticides…).
Il s’agit vraiment d’une aventure humaine qui nous happés lors de ce voyage. Donc concrètement, nous devrions participer à la création d’un centre de formation, avec parrainage de jeunes producteurs. Et cela sans jamais court-circuiter la présence et le rôle des importateurs.
Le Coffee Lounge : Vous parlez d’agroforesterie, cela fait écho à votre partenariat avec Envol Vert. Où en êtes-vous avec cette association ?
David Serruys : Je remercie déjà Julien Cadet (Belco) qui nous a mis en relation avec les responsables de cette organisation. Notre partenariat a permis de replanter 15 000 arbres. Ceci grâce aux événements que nous avons bâtis, le Paris Coffee Show ou encore les Journées du Café. De plus, cela a créé un mouvement fédérateur pour d’autres partenaires du Collectif Café. Nous allons renforcer nos actions à partir de 2022.
Le Coffee Lounge : Au Cameroun, vous avez vécu une aventure humaine marquante. Mais côté cafés, qu’en reste-t-il ?
David Serruys : D’ordinaire, les cafés du Cameroun sont des Robustas. Néanmoins, j’ai été vraiment emballé lors de cupping par des 100% arabica de très belle qualité. D’ailleurs qui pourraient rejoindre à de très belles tasses de Rwanda ou encore d’Ethiopie Guji. Voilà qui donne envie d’en découvrir davantage.
Le Coffee Lounge : Pour finir que faut-il vous souhaiter pour 2022 ?
David Serruys : C’est toujours de valoriser le travail des artisans torréfacteurs de la filière. Mais en plus, nous voulons faire en sorte que les collègues qui sont souvent « le nez dans le guidon » lèvent la tête et puissent participer aux débats et échanges. Parce que notre cheval de bataille est bien là : Informer, former et débattre. Rendez-vous du 10 au 12 septembre 2022… Ce sera le retour du Paris Coffee Show !
Pratique :
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