Tendances & mode de vie

Comment la science entend sauver le café

La production de café est la cible d’agressions multiples. Le réchauffement climatique en premier lieu et les maladies diverses visant les plantations de café figurent en tête des aléas agricoles. Les fermiers sont néanmoins soutenus par de nombreux programmes afin d’organiser la résistance. 

La surexposition des caféiers au soleil que l’absence d’ombrage a généré, les sols fatigués par la combinaison de sécheresses répétées et de l’exploitation agricole posent de nombreuses questions localement. De là où nous consommons les cafés produits si loin, il est difficile d’avoir réellement conscience de ces enjeux. Et des solutions que chaque producteur essaie de mettre en place, parfois seul, parfois en mutualisant les efforts avec des fermes voisines, parfois en étant soutenus par des organismes utilisant les compétences d’ingénieurs agronomes capables de conseiller les producteurs. Faut-ill encore avoir les moyens d’adhérer à ce genre d’accompagnement ? Cependant ces modèles de partages de connaissances et d’entraide sont légion. Pas d’injonction à utiliser telle ou telle pratique agricole, l’échange avec le fermier est au coeur de la relation. 

La solitude du caféiculteur confronté aux aléas, cherchant seul la solution est de moins en moins vrai. De Jimma (Ethiopie) à Varginha (Brésil), les laboratoires peuplés d’agronomes et scientifiques ne manquent pas tant les investissements sont la résultante d’une prise de conscience des autorités locales. A cela s’ajoute le travail d’ONG (Organisations Non Gouvernementales). Mais quel est leur rôle ?

La recherche de nouvelles variétés

On l’ignore peut-être. Derrière le grain que nous consommons au quotidien se cache une profondeur d’informations qui rend le café complexe. On parle d’abord d’espèce (rubiacée) , puis de famille (Arabica ou Robusta), enfin de variétés (Bourbon, Geisha, Caturra.)… 

Elles sont innombrables à être cultivées et répertoriées pour une partie dans le catalogue que publie le World Coffee Research. L’organisme créé au début des années 2000 sous l’impulsion de Tim Schilling et de la Specialty Coffee Association, identifie, répertorie et étudie les variétés existantes. Son travail consiste aujourd’hui à « anticiper les effets du réchauffement climatique que subissent les producteurs, améliorer les rendements des variétés de café et leurs qualités intrinsèques » détaille le scientifique, qui a récemment installé un bureau du World Coffee Research à Marseille.

Cette anticipation du réchauffement climatique se concrétise par la création d’hybridation. L’idée est de développer de nouvelles variétés de cafés capables de résister aux aléas climatiques. Il y a une partie laboratoire complétée par une partie de tests menés directement dans des fermes, en partenariats avec des producteurs partenaires. Car de l’aveu de Tim Schilling : « Les variétés de café qui sont produites en ce moment sont anciennes et n’ont génétiquement pas les ressources pour supporter les conséquences du réchauffement que nous traversons ». 

Si bien que les zones de productions caféières que nous connaissons aujourd’hui pourront être différentes d’ici à 30 ans. La question occupe une bonne partie du temps de recherche des salariés du World Coffee Research qui publie sur son site une carte de projection intitulée : « Où le café pourra-t-il pousser en 2050 ? ».